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RENCONTRE COMMUNISTE EUROPÉENNE À BRUXELLES
La rencontre communiste européenne sur le thème: "L'UE des guerres impérialistes, de l'exploitation capitaliste, de l'anticommunisme et l'œuvre actuelle de Lénine «du mot d’ordre des États-Unis d’Europe»" a été organisée avec succès le 2 décembre 2024 à Bruxelles, à l'initiative des députés européens du KKE.
Kostas Papadakis, membre du CC et député européen du KKE, a ouvert la rencontre, tandis que Lefteris Nikolaou - Alavanos, député européen du Parti, a fait les remarques finales. George Marinos, membre du Bureau Politique du CC, et Elisseos Vagenas, membre du CC et Responsable de la Section des Relations Internationales du CC du KKE, ont participé à la rencontre.
19 partis communistes et ouvriers européens de 18 pays européens ont pris la parole lors de la rencontre. Des représentants des partis suivants ont participé à la rencontre: Parti des Travailleurs d'Autriche, Parti Communiste Révolutionnaire de France, Communistes, France, Parti Communiste Allemand, Parti Communiste du Danemark, Parti Communiste Suisse, Parti Communiste de Grèce, Parti des Travailleurs d'Irlande, Parti Communiste des Travailleurs d'Espagne, Front Communiste (Italie), AKEL, Chypre, Parti Communiste Luxembourgeois, Nouveau Parti Communiste des Pays-Bas, Parti Communiste Norvégien, Parti Communiste Polonais, Parti Communiste Portugais, Parti Communiste de Suède, Parti Communiste de Turquie, Parti des Travailleurs Communistes Pour la Paix et le Socialisme, Finlande.
Après la fin de l'événement, les députés européens du KKE ont publié une déclaration dans laquelle ils notent, entre autres, que «l'événement a eu lieu malgré la démarche provocatrice et condamnable de certains députés européens d'extrême droite des dits Patriotes pour l'Europe (Le Pen - Orban) et des Conservateurs et Réformistes européens (Meloni etc.), qui ont écrit à la présidente du Parlement européen, Mme Metsola, pour lui demander d'interdire l'événement organisé par les députés européens du KKE.
Les députés européens d'extrême droite ont recouru à la théorie réactionnaire et sans fondement historique des deux extrêmes et à l'assimilation du monstre fasciste au communisme, dans un effort anticommuniste inacceptable et dangereux qui vise à abolir la liberté de parole et d'expression, même pour les députés européens élus, ce qui rappelle des âges sombres, condamnés par les peuples.
La provocation visant à interdire l’événement des partis communistes, qui va à l'encontre des libertés démocratiques et des droits des peuples de l'Europe, n'est pas passée, l'anticommunisme a échoué ».
Nous publions ci-dessous le discours intégral du Secrétaire Général du CC du KKE, Dimitris Koutsoumbas.
Dimitris Koutsoumbas: Le renversement du capitalisme et la construction du socialisme-communisme demeure la seule véritable issue pour les peuples d'Europe.
Cher(e)s camarades,
Au nom du CC du KKE, je vous souhaite chaleureusement la bienvenue à la Rencontre Communiste Européenne, organisée par nos députés européens ici à Bruxelles, dans le bâtiment du Parlement européen, dans le cadre des nombreuses activités menées par le KKE en l'honneur du grand révolutionnaire Vladimir Ilitch Lénine, le leader de la révolution socialiste d'octobre, en 2024, année qui marque le 100e anniversaire de sa mort.
Notre événement ici est en même temps une réponse péremptoire à la «vague» d'anticommunisme et d'antisoviétisme, systématiquement promus par les médias et les gouvernements bourgeois, l'UE elle-même, qui a fait de l'équation inacceptable du fascisme et du communisme son dogme, mais aussi l'identification sans fondement historique de la Russie capitaliste d'aujourd'hui avec l'Union soviétique. L'UE encourage également les persécutions anticommunistes sur le Vieux Continent, la falsification et la déformation de l'histoire, ainsi que la destruction des monuments antifascistes.
Le KKE a condamné cette attitude et exprime sa solidarité avec les communistes qui, dans plusieurs pays européens, font l'objet de persécutions, d'interdictions et de restrictions de leurs activités. Dans le même temps, nous continuerons à lutter contre la désinformation des peuples, contre la distorsion de l'histoire, sans l'idéaliser, en étudiant non seulement les acquis du socialisme, mais aussi les faiblesses, les déviations et les erreurs commises, en tirant ainsi des enseignements précieux pour l'avenir.
De telles conclusions utiles peuvent également être tirées de l'œuvre de Lénine «Du mot d'ordre des États-Unis d'Europe», qui est toujours d'actualité, dans le contexte de l'intensification de l'exploitation de classe et des guerres impérialistes en Ukraine et au Moyen-Orient, avec l'implication de l'UE impérialiste.
Les remarques de Lénine au début du 20e siècle restent pertinentes au 21e siècle. Nous pensons que cette œuvre devrait être étudiée par les communistes, les révolutionnaires et les personnes de bonne volonté, non seulement sur notre continent, l'Europe, mais dans le monde entier, étant donné qu'aujourd'hui, diverses unions capitalistiques transnationales d'États, telles que les BRICS et d'autres, sont en train de se former dans d'autres «coins» de la planète.
En étudiant Lénine, d’une manière créative, à la lumière des changements survenus dans le monde, nous pouvons examiner les accords interétatiques, les alliances capitalistes anciennes et nouvelles, qui cherchent à «mettre de l'ordre» dans la «sécurité internationale», dans le commerce international, dans l'exportation des capitaux, sans, bien sûr, nier les lois capitalistes.
Car, quels que soient les changements intervenus depuis la publication de cet ouvrage, ils n'ont pas modifié l'essence, les lois fondamentales de l'économie capitaliste, la production motivée par la plus-value, le profit, la concurrence et l'inégalité, l'anarchie dans la production, l'injustice dans la distribution.
Lénine a écrit: «En régime capitaliste, le développement égal des différentes économies et des différents États est impossible. Les seuls moyens possibles de rétablir de temps en temps l'équilibre compromis, ce sont en régime capitaliste les crises dans l'industrie, les guerres en politique».
Qui pourrait réfuter cette évaluation léniniste aujourd'hui, alors que la croissance capitaliste inégale fait emmérger de nouvelles puissances capitalistes, aiguise la confrontation pour la suprémacie dans le système impérialiste mondial entre les États-Unis et la Chine et intensifie le conflit entre l'axe euro-atlantique et l'axe eurasiatique en cours de formation?
Qui ne voit la «bombe à retardement» sur laquelle repose l'économie capitaliste internationale, à savoir la suraccumulation de capitaux qui ne peuvent pas être investis avec un profit satisfaisant? Ils ont essayé la «transition verte et numérique», ainsi que la «vieille recette» de la guerre, dont parle Lénine, mais les impasses du système perdurent.
La crise capitaliste ainsi que la guerre sont dans l'ADN du capitalisme. Un certain nombre d'indicateurs de l'économie internationale démontrent que la crise est issue du fonctionnement normal du système capitaliste.
L'économie de l'Union européenne est déjà en récession, l'explosion de la dette des États-Unis a déjà dépassé le plafond institutionnel d'endettement et poursuit alors que la crise immobilière trouble la Chine capitaliste, etc.
Les interventions et les guerres impérialistes offrent un débouché rentable au capital suraccumulé. Les profits de l'industrie de guerre des États-Unis et des autres grands fabricants d'armes depuis le début de la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient en témoignent.
Le fait que la soi-disant «économie de guerre» et l'escalade de la guerre sont désormais la priorité absolue de l'OTAN, de l'UE et des autres centres impérialistes n’est pas dû au hasard.
L'UE en particulier, sur la base du rapport Draghi, envisage de consacrer 500 milliards d'euros à l'industrie de guerre, tandis que le rapport Niinistö destine également 20% du budget de l’UE à l'économie de guerre, en établissant une connexion dangereuse entre ses plans de guerre et la protection civile, ainsi que la «préparation psychologique» des peuples «à vivre dans des conditions de danger et d'instabilité», assurant des réserves alimentaires pour trois jours.
En outre, les immenses destructions causées par la guerre impérialiste créent de nouveaux investissements rentables dans les régions dévastées. Les États-Unis, l'Union européenne et la Russie mettent déjà en œuvre des «programmes» d'investissement spéciaux pour la «reconstruction» de l'Ukraine.
Camarades,
La victoire de D. Trump aux élections des États-Unis s'est accompagnée du narratif selon lequel «la paix prédominerait», au moins sur le front ukrainien. Lénine notait que «Certes, des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances», mais il soulignait en même temps que celles-ci n'abolissaient en rien la lutte pour le «partage des colonies», écrivant cela à une époque où les ¾ du monde étaient des colonies.
Aujourd'hui, cette position reste valable, car la confrontation pour le «partage des colonies» a été remplacée par la confrontation pour le partage des matières premières, de l'énergie, des voies de transport des marchandises, des points d'appui géopolitiques et des parts de marché. Et comme il le soulignait: «Or en régime capitaliste le partage ne peut avoir d'autre base, d'autre principe que la force. [...] Prêcher le partage "équitable" du revenu sur cette base, c'est...du béotisme de petit bourgeois et de philistin. On ne peut partager autrement que "selon la force". Or la force change avec le progrès économique. [...] Pour vérifier la force réelle de l'État capitaliste, il n'y a et il ne peut y avoir d'autre moyen que la guerre. La guerre n'est pas en contradiction avec les principes de la propriété privée; elle en est le développement direct et inévitable.»
Aujourd'hui, il est nécessaire que le mouvement communiste en Europe et dans le monde n'oublie pas les paroles de Lénine, qu'il les utilise dans le contexte des événements internationaux actuels et qu'il rejette les idées opportunistes qui ont prévalu après le 20e Congrès du PCUS et dans les rangs du mouvement communiste international, en promouvant des approches erronées. C'est le cas de celles qui divisent les impérialistes en «faucons» et «colombes», en «bellicistes» et «pacifistes», laissant entendre qu'il pourrait y avoir un «impérialisme pacifique», que les impérialistes pourraient renoncer aux moyens violents et de guerre, qui, comme le soulignait Lénine, sont «la continuation de la politique» suivie au cours de la période précédente.
Malheureusement, même dans les rangs du mouvement communiste international, surtout après la Seconde Guerre mondiale, de tels faux concepts ont dominé, sur la base desquels les partis communistes ont estimé que les plans bellicistes des capitalistes pourraient être «domptés» par le dit «système de sécurité européen»!
Aujourd'hui, certaines puissances, présentent des points de vue similaires sur la formation d'une «nouvelle architecture de sécurité» ou d'une OTAN «sans plans de guerre ni systèmes d'armes offensifs sur ses territoires», ou d'une «UE pacifique», ou d'un «monde multipolaire pacifique», comme une solution au conflit militaire en Europe.
Toutes ces théories n'ont rien à voir avec la réalité et désorientent la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste en cherchant à cultiver une perception selon laquelle l'impérialisme pourrait prétendument s'abstenir d'utiliser des moyens de guerre. C'est comme si nous demandions à un animal carnivore prédateur de la jungle de se transformer en herbivore et même en animal domestique.
Mais la vérité est que l'OTAN et l'UE, comme toute union transnationale capitaliste, ont un caractère profondément réactionnaire, ne peuvent devenir favorables aux peuples et continueront à aller à l'encontre des droits des travailleurs et des peuples.
Lénine avait raison d'écrire que «les États-Unis d'Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires.» L'UE actuelle est une union économique, politique et militaire impérialiste transnationale des monopoles, qui s'oppose aux intérêts de la classe ouvrière et des autres couches populaires.
L’UE ne peut être améliorée par quelques réparations! Tout comme le capitalisme ne peut être humanisé! Parce que l'UE n'a pas été créée par les peuples et ne sert pas leurs intérêts. Bien au contraire!
L'UE n'est pas et ne peut pas devenir favorable aux peuples. Ses objectifs sont la concentration et la centralisation du capital, les guerres et les interventions impérialistes, la promotion de la stratégie visant à maximiser le degré d'exploitation de la classe ouvrière, ce qui conduit à la pauvreté, à la misère, à la cherté, à la pauvreté énergétique, au déracinement, à la répression brutale, au fichage et à l'anticommunisme. Les scandales de corruption des lobbies au Parlement européen confirment son caractère réactionnaire en tant qu'union du capital aux dépens des peuples.
Les résolutions-ultimatums de guerre, les règlements antipopulaires et les directives anti-ouvrières visent à servir la rentabilité des monopoles et à écraser la vie et les droits des travailleurs.
De nos jours, l'UE cherche à jouer un rôle de premier plan dans la promotion des politiques antipopulaires et dans les guerres, quelle que soit l'issue des antagonismes au sein de l'UE, entre les bourgeoisies de ses pays pour plus d'autonomie militaire de l'UE ou pour un plus grand attachement à l'OTAN, antagonismes qui ont été ravivés après l'élection de Trump.
Afin de servir les intérêts dominants de la bourgeoisie européenne, l'UE, avec les États-Unis, a également été impliquée dans la guerre en Ukraine, aux côtés de la fraction de la bourgeoisie ukrainienne qui, en utilisant des forces fascistes, a procédé en 2014 à un renversement politique en violation de la constitution.
Pour des intérêts similaires, l'UE soutient l'État occupant d'Israël, qui massacre le peuple héroïque de Palestine. Depuis le Parlement européen, nous exprimons notre pleine solidarité avec le peuple palestinien et nous joignons notre voix aux manifestations massives et impressionnantes des travailleurs et des peuples du monde entier pour défendre la juste lutte des Palestiniens contre l'occupation israélienne.
Camarades,
Après l'attaque de l'Ukraine avec des armes à longue portée des États-Unis et brittaniques sur le territoire de la Fédération de Russie, et à la mise à jour ultérieure par la Russie de sa Doctrine Nucléaire et les déclarations de Poutine, il est plus qu'évident que le risque de généralisation de la guerre impérialiste augmente, même avec l'utilisation des armes nucléaires.
Même si un compromis temporaire était trouvé, personne ne pourrait éviter les rivalités inter-impérialistes, qui vont du commerce et de la technologie à l'armement militaire, de l'Arctique à l'Afrique et à l'océan Indo-Pacifique, en passant par l'espace.
Les guerres et les interventions impérialistes de l'UE et des gouvernements bourgeois impérialistes alliés, outre le massacre des peuples, le démembrement des pays, le fardeau économique qui accable les peuples, les personnes déracinées, provoquent une destruction encore plus grande de l'environnement, dont ils prétendent se préoccuper dans leurs déclarations soi-disant «vertes».
Le KKE, comme les autres partis communistes et ouvriers de l'Europe, rejetant tous les prétextes utilisés par les deux côtés, révèle aux peuples les causes réelles des guerres impérialistes.
Nous renforçons notre lutte contre l'implication de nos pays dans ces guerres.
Nous luttons pour la fermeture des bases US-OTAN en Grèce et ailleurs, pour l’abolition des armes nucléaires en Europe.
Nous exprimons notre solidarité avec les peuples de l’Ukraine et de la Russie, qui ont vécu en paix et prosperé ensemble pendant les années du socialisme et qui versent aujourd'hui leur sang pour de grands intérêts capitalistes.
Nous nous opposons à la militarisation croissante de l'UE par la promotion de la dite «autonomie stratégique», qui présente de grands risques pour les peuples, la création de formations militaires, telles que la PESCO, et l’armée européenne, des missions telles que «Aspides» en mer Rouge.
Nous nous opposons au fascisme et à toute forme de racisme, aux discriminations sur la base de la religion, la couleur, le sexe ou l'orientation sexuelle, et nous rejetons le faux «antifascisme» et les divers «fronts antifascistes» utilisés par les forces politiques bourgeoises et opportunistes pour piéger les forces populaires de la classe ouvrière dans la gestion bourgeoise, en dissociant le fascisme du système capitaliste qui le génère et l'utilise quand il en a besoin.
Camarades,
Le déchaînement d'exploitation des travailleurs, l'intensification du travail flexible et épuisant avec des horaires inhumains, conduisant à des crimes patronaux, au travail sans droits et sans conventions collectives, l'escalade de l’intimidation patronale, les bas salaires combinés à la hausse des prix, à la lourde taxation des couches populaires et les guerres, ont conduit les peuples de l'Europe dans la rue de la lutte.
Il y a 10 jours, le 20 novembre, les rues et les places de toute la Grèce étaient envahies de travailleurs en grève, provoquant un véritable tremblement de terre avec le slogan «Donnez de l'argent pour les salaires, la Santé et l’Education, hors la Grèce des abattoirs de la guerre!»
Grâce à l'action militante de syndicats des travailleurs tels que celui des dockers du Pirée, une cargaison de munitions destinée à Israël n'a pas atteint sa destination. Dans d'autres régions, le transport d'armes et de munitions de l'OTAN destinées à la guerre en Ukraine a été empêché.
Nous continuons la lutte contre la politique antipopulaire du gouvernement de la Nouvelle Démocratie et des autres partis du système, contre l'OTAN et l'UE du capital, de l'exploitation de classe, des monopoles et de la guerre!
Pour le désengagement de la Grèce de l'abattoir impérialiste, des planifications et des alliances impérialistes, avec le peuple comme maître chez nous.
Pour une Europe de la prospérité des peuples, de la paix, de la justice sociale, du socialisme!
Nous marchons sur notre voie commune de lutte de classe révolutionnaire pour le renversement du capitalisme et la construction du socialisme-communisme!
Parce que cette voie, ouverte en octobre 1917 par les communistes conduits par Lénine, «brisant la glace», reste la seule véritable issue pour les peuples de nos pays.
03.12.2024